Bolivie - La Paz - El Camino del Inca del Choro
Un trek dans le chemin de l'enfer vert inca
Un trek dans la cordillère royale, avec comme point culminant le col du Christ, à près de 5000 m... Ca paraît être le paradis, et ça l'a été... pour mon appareil photo, mais mon pauvre petit corps s'en souviendra sans doute encore dans 20 ans... Non, blague à part, un trek fabuleux, mais d'une difficulté insoupçonnée et qui à mis à mal nos jambes, et plus encore nos genoux.
La difficulté était double: le chemin en lui même (montée et descentes raides en alternance) et le poids de nos sacs, qui ont eu raison des amortisseurs de notre corps, nos genoux. Mais voici rassemblé ici pour vous quelques uns des plus beaux paysages rencontrés pendant ce trek!
De la haute montagne, de la vraie. Nous partons de La Paz pour arriver à la Cumbre, point d'entrée du Chemin de l'Inca del Choro
Les Incas ne connaissaient pas la roue
Le chemin est donc tout sauf plat.
Nous grimpons de 4600 à 4980 m en quelques heures (El Cristo 4600 - Apacheta 4980). La montée est terrible, horrible, indéfinissable, insoutenable, mais les paysages rencontrés sont au-delà de ce que nous imaginions, époustouflants, majestueux, grandioses
Nous en sommes sans voix (tant pour la vue que pour l'effort). Nous passons le col du Christ (4990 et des poussières)... et le spectacle est total! |
La Paz - La cumbre |
La Paz - Manu a La cumbre |
Après cette grimpette, enfin la descente qui nous apparaît dans un premier temps salutaire avant de nous paraître pire encore que la montée. Nous descendons donc vers Challapampa (2825 m) qui devrait être notre premier bivouac. A ce moment, l'enthousiasme des premiers instants (qui comme en tout domaine est intarissable) est encore fort présent. Le problème est que ce qui devrait être une descente se révèle en fait être une ALTERNANCE de grimpette et de descente sur un sol très dur, l'enfer pour les mollets, pieds et autres genoux qui finiront par nous lâcher plus tard. Le spectacle est cependant hallucinant puisque nous passons en très peu de temps de paysages montagneux et arides à la luxuriance tropicale des Yungas tropicaux. La chance est avec nous, il fait magnifique. Nous marchons jusqu'au coucher du soleil où, fourbus mais contents, nous montons le campement et préparons le feu, avant de manger. C'est comme je l'imaginais: la chaleur du feu, la montagne et la nuit qui se prépare... Magique... Dieter sort le rhum, nous achetons quelques bières et bavardons quelque peu avant d'aller dormir pour pouvoir affronter la suite du programme. |
La Paz - Coroico - el camino del inca del choro
Manu me cuit... Ma viande!!! |
La Paz - Coroico - el camino del inca del choro |
Lever aux aurores pour le second jour qui devrait nous amener jusqu'à Sandillani (2050 m). A midi, il nous faut bien constater l'ampleur des dégâts dus à la montagne. Nous passons de l'aridité de la montagne à la verdoyance des vallées des Yungas
Le changement a été rapide, et la c'est dorénavant la jungle qui nous entoure. L'alternance des montées et descentes a ruiné nos pauvres gambettes et nous sommes à des années lumières de notre objectif. Nous n'arriverons jamais à Sandillani ce soir. Nous marchons jusqu'à plus pouvoir et nous arrêtons à San Fransisco (Ça ne s'invente pas) pour la nuit. Nos jambes sont mortes et nous ne voyons pas comment nous allons arriver au bout, mais le moral est bon et les coeurs légers. |
La Paz - Coroico - el camino del inca del choro
|
La Paz - Coroico - el camino del inca del choro
|
La Paz - Coroico - el camino del inca del choro |
La Paz - Coroico - el camino del inca del choro |
La Paz - Coroico - el camino del inca del choro |
La Paz - Coroico - el camino del inca del choro
La pluie à fait son apparition et c'est sous les premières gouttes que nous terminons de monter les tentes. Pas de feu ce soir, mais un panorama impressionnant. Nous allons bien vite dormir, claudiquant tant bien que mal. Nous souffrons tous du même mal, les genoux, qui même avec des bandages bien serrés sont encore très douloureux...
Dire qu'il reste encore deux journées de marche! |
Le matin, nous constatons que nous dormons sur une petite corniche au bord de la montagne et que le décor est magnifique! Si seulement il arrêtait de pleuvoir...
Au programme aujourd'hui, la côte du Diable et... aller le plus loin possible. Heureusement, il semblerait qu'on soit plus loin qu'il ne paraît et qu'en marchant bien, nous pourrons être à Chairo ce soir! La carte nous renseigne encore 14 heures de marche et pourtant, un paysan nous dit qu'en 6 heures c'est faisable... Tel le phénix, l'espoir renait de ses cendres et c'est le pas léger, mais toujours sous la pluie que nous nous remettons en route. |
La Paz - Coroico - el camino del inca del choro |
La Paz - Coroico - el camino del inca del choro |
La côte du Diable apparaît bientôt. Elle porte bien son nom, tant ses lacets font mal. Ce n'est même plus une question de douleur, ou de respiration. Se concentrer. Mettre un pas devant l'autre. On est seul au monde et seul existe ce pied qui doit se lever pour se poser 20 centimêtres plus loin, une marche plus haut. Surtout ne pas regarder trop haut pour ne pas voir trop loin. Chaque pas est un effort. Au milieu de la montée, le coup de grâce, un plat d'une vingtaine de mêtres me fait croire que la pente est terminée, pour en fait reprendre plus loin. Nous ne sommes plus un groupe mais 6 individus, 6 fois deux pieds solitaires qui se contentent de se lever et de se poser. On ne boîte même plus, on rampe. Je crois ne jamais autant avoir souhaité que quelque chose s'arrête. Heureusement, tout à une fin, et exténués nous nous effondrons les uns après les autres au sommet de la côte. Il nous faut quelques minutes avant de pouvoir seulement ouvrir la bouche. Mais quelle sensation d'y être arrivés! (il parait que certains groupes font demi tour à cet endroit, les fous!). La vue est très belle de là haut et nous nous apprêtons à redescendre vers Sandillani... Notre objectif d'hier soir! Nous descendons, remontons, descendons et remontons pour enfin atteindre le début des 20 derniers lacets qui mênent à Chairo (1300 m)! Le paysan n'avait pas menti, nous avions tellement peur de ne pas y arriver que finalement, nous l'avons terminé en 3 jours à un rythme de fous, et dans quel état! Nous nous sommes nous même surnommés "los abuelitos" (les grands pères) tant nous boîtons, claudiquons sur nos 3 ou 4 pattes selon qu'un ou deux bâtons nous aident à tenir debout. Pero vale la pena!
Le soir, arrivée à Coroico, détruits
mais heureux. Nous allons enfin dormir dans un vrai lit, prendre une douche, manger chaud. Le lendemain matin, lever aux aurores pour le spectacle superbe de la brume couvrant toute la vallée, et en face, les montagnes, rougie par le soleil levant.
Coroico - lever de soleil sur les montagnes
Retour vers La Paz via la " route de la mort ". Cette route est effectivement la plus meurtrière du monde, triste record. Elle est en terre, étroite (on ne peut s'y croiser qu'à certains endroits), croisée par de nombreuses rivières qui passent littéralement dessus, et des camions et bus bondés l'empruntent chaque jour puisqu'elle est la seule à relier les Yungas au reste du pays. Mais à y regarder de plus près, la plupart des accidents se produisent la nuit, et le plus souvent dans des mobilités anciennes, et lourdes
Nous avons opté pour un minibus, et si Manu a du prendre deux valiums pour pouvoir envisager le voyage, nous nous mettons en routes sans trop d'appréhension.
La route est vertigineuse, et étroite comme prévu, les roues frôlent de temps en temps les bords de la piste, et nous passons bien sous l'une ou l'autre cascade, mais si de la fenêtre, nous voyons bien le fond des vallées, et si quelques carcasses de camions rythment la traversée, les panoramas et points de vues sont uniques, et valent bien les quelques doses d'adrénaline gaspillées
|